Cela avait commencé alors que j'étais repartie à la bibliothèque universitaire, avant la fermeture de celle-ci, pour rendre les derniers livres que j'avais empruntés. Et me voilà quelques heures plus tard, entre un corps et le mur de mon salon. Des mains glissent sur mes courbes. Un souffle chaud balaie ma peau alors que des lèvres se posent sur mon cou. Des mots sont susurrés à mes oreilles mais je suis pas là pour niaiser. De toute façon, ma tête est déjà concentrée à passer à l'étape suivante. Je recadre les lèvres sur les miennes. J’entrouvre ma bouche pour approfondir ce baiser. C'est sans hésitation, et en me mordillant la lèvre inférieure au passage, que Nathan y répond. Nathan, le beau brun qui m'avait tapé à l’œil dès que j'avais franchi la porte de la bibliothèque. Une attirance réciproque à en juger par les sourires dont je m'étais retrouvée destinataire. Je sens son corps qui se faufile entre mes jambes. Je me sens soulevée. Mes jambes s'enroulent autour de lui. Mes mains s'occupent aussitôt de déboutonner sa chemise. C'est marrant comment une chemise bien portée peut-être un atout de séduction, mais dès qu'il s'agit des choses sérieuses, celle-ci devient rapidement encombrante. La résistance des boutons m'agace déjà et j'en suis qu'au deuxième bouton. Et pendant que je me débats avec le vêtement, je sens les paumes de mon compagnon sous le tissu de la robe.

Mais soudainement ses caresses cessent. Pourquoi s'arrête-t-il ? Il pose son front contre le mien.  Je l'entends lâcher un « Putain. » presque silencieux d'une voix basse et grave. Toujours confuse, j'essaie de me refaire la scène. Peut-être que j'ai merdé quelque part. Je prends une profonde inspiration, attendant qu'il s'explique. Mais plus je le regarde, plus je comprends qu'il attend quelque chose de moi. « Tu vas pas voir qui vient de sonner ? » On a sonné ? J'étais tellement absorbé par mes envies et mes besoins, que j'ai complètement fais abstraction. Il me repose sur le sol. Putain en effet. Maudissant le monde, je me dirige vers la porte.  « Lorenzo ? » dis-je, surprise en ouvrant la porte. Enfin si on peut dire ouvrir. Je sais qu'il sait que je me tape d'autres mecs comme je sais qu'il fait de même. J'ai d'ailleurs souvent croisé des filles ressortir de son appartement avec un sourire béat. Mais savoir quelque chose et le voir, c'est pas la même chose. Et puis c'est tout bonnement gênant, comme situation.  Alors je décide de me glisser à l'extérieur de l'appartement. Aussi subtilement que possible, en entrouvrant à peine la porte. Je tente de paraître naturel. Quelle v futilité ! Mes joues rouges, par l'excitation puis l’embarras. Le fait que je ne l'invite pas à entrer. Bref, tout me trahit. Mais je tente tout de même un sourire.  « .. Ca va ? » Sérieusement Anthea, c'es tout ce que tu trouves à dire ?

Je comprends rapidement que ce n'est pas une visite de courtoisie. Le sourire qu'il portait à l'ouverture de la porte me semble tout de suite moins sincère et authentique. Son regard me scrute. Aussitôt je me rends compte que je n'ai pas pris la peine d'être présentable. Je me retiens pour ne pas me recoiffer ou défroisser ma robe. Je tente de sauver les apparences, tout en ayant le sentiment d'être prise en flagrant délit. Délit de quoi ? Faut pas chercher. En tout cas, ma déduction sur le motif de sa visite se confirme. Son sourire gêné, son hésitation. Merde. Je crois bien n'avoir jamais vu Lorenzo comme ça. L'homme a toujours dégagé une certaine aura qui met direct à l'aise. Prise au dépourvu, je passe finalement ma main dans les cheveux, nerveusement. Je pensais qu'en ouvrant la porte, je pouvais expédier l'affaire en moins de deux et retourner à mon compagnon de soirée. Et quelle soirée ça aurait été. Aurait été. Le choix est fait apparemment. Sans tergiversation, et sans même que j'en aie conscience. « Attend, Lorenzo ! » Si le choix a été évident, son exécution parait d'une difficulté herculéen. Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que c'est récurrent avec moi. De me retrouver dans des situations embarrassantes et impossibles à éviter.

Le faire rentrer pour qu'il se retrouve face à l'autre ne me semble pas idéal. Mais, en même temps si je le laisse repartir chez lui pour que je demande à Nathan de partir, j'ai peur qu'il n'esquive par la suite toute discussion. Alors, le faire attendre dehors semble être un moindre mal. « Tu peux m'attendre deux secondes ici, je reviens. » dis-je en ouvrant la porte, « tu bouges pas », que je referme tout de suite derrière moi pour pouvoir demander, en privé, à Nathan de partir. Ce dernier n'a pratiquement pas bougé d'un pouce et me lance un sourire ravageur. J'avais oublié un instant sa beauté. Mais malheureusement je ne vais pas en profiter ce soir. Triste gâchis. « Je suis vraiment désolée Nathan, mais y a une petite urgence. » Je me rapproche de lui et l'informe que notre soirée n'aura pas la fin voulue. Il accepte la situation rapidement et ça me rassure. C'est un type bien, j'espère qu'on pourra remettre ça bientôt. Mais pas me temps de rêver. Place maintenant à l'affrontement. Dieu, ça n'arrive vraiment qu'à moi.

Sur le pas de la porte et Nathan à mes côtés, je n'ose même pas regarder Lorenzo. « Euh ... Lorenzo, je te présente Nathan et … il devait y aller de toute façon. » Mes yeux fixés sur mes pieds, je ne veux pas savoir ce qu'il se passe entre eux, ou même s'il se passe un truc. La voix de Nathan finit par attirer mon regard. « On continue ça à une prochaine fois » affirme-t-il avant de déposer un baiser soudain sur mes lèvres. o k . Heureusement ce fut court parce que je ne pense pas que j'aurais pu l'apprécier autrement. Il lâche un « Lorenzo. » pour le saluer avant de nous quitter. Pas du tout gênant tout ça. Je prends une légère inspiration et l'invite à entrer. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

La scène sur le hall de l'étage n'avait pas duré longtemps pourtant j'y songeais encore en retournant à l'intérieur de l'appartement. C'est le genre de scène qui marque et qui hante. Le genre de scènes anodines et sans grande importance mais auxquelles on repense sous la douche. Ou le genre qui nous tient éveillés la nuit. Et qui nous travaille l'esprit jusqu'à l'insomnie. En soit ce n'est pas bien grave et rien de majeur n'est arrivé, mais ça aurait pu être évité. Voire mieux géré. Et puis fallait-il qu'il m'embrasse devant Lorenzo. Certes, je suis célibataire et j'ai tout à fait le droit d'avoir autant de partenaires que je veux. Ça reste extrêmement gênant. J'aurais sûrement eu la même réaction si cela avait été mon père. Après tout, il sait que je suis sexuellement active, mais je pense qu'il se passerait bien des détails et autres indices qui le confirmeraient. Attend ! Je viens de comparer mon père à Lorenzo. C'est pas du tout tordu. Je pense que je vais avoir besoin de quelque chose de fort. Et à l'évidence, il serait temps de passer à autre chose.

Mon regard se porte alors sur mon voisin. Il est debout, presque stoïque et une certaine tension se dégage de lui. Une tension avec laquelle je ne suis pas familière. Son comportement, depuis son apparition derrière ma porte, est définitivement inhabituel. Lui, si souriant avec son charme typiquement méditerranéen, a une bien triste mine ce soir. Quand il m'explique enfin la raison de sa venue, je me contente de le fixer bêtement. Mon cerveau soudainement lent pour intégrer et assimiler l'information. Sa grand-mère, morte ? Toute de suite, c'est le visage de la mienne qui me vient à l'esprit. Rien que d'y penser ma gorge se noue. « Oh Lorenzo ... » Je me sens bête de m'être focalisée sur ce qui me parait futile maintenant. Je fais quelques pas vers lui, m'asseyant à ses côtés. « Je suis sincèrement désolée ... » Je ne sais pas quoi lui dire d'autre. La gorge nouée, après quelques secondes d’hésitation, je dépose ma main sur son genou. Je déglutis, difficilement. Je n'ai jamais été dans cette position. Perdre quelqu'un. J'ose même pas imaginer. Mais malheureusement, Lorenzo n'a pas à l'imaginer. Voilà qu'il perd une figure parentale, encore. « Comment c'est arrivé? » J'essaie de me souvenir de nos discussions, de ce qu'il m'a raconté sur sa grand-mère. Etait-elle malade ? Je réfléchis mais en vain. J'ai honte d'admettre que je n'ai aucune réponse à cette question. Je suis vraiment amie médiocre. Quoique. Avant de m'autoflageller, je concède que, peut-être, je ne me rappelle pas parce qu'il a tout bonnement rien à se rappeler. Cela étant, je ne supporte pas le voir ainsi. Presque recroquevillé sur lui-même. Je tente de le réconforter du mieux que je peux. N'ayant pas les mots qui me semblent appropriés, j'opte pour un second contact physique. Ma main libre vient se poser sur son dos, dessinant légèrement un cercle.

Plus jeune, je me suis souvent demandée quelle mort me conviendrait. Je me souviens que je m'amusais à interroger mon entourage avec ce petit jeu morbide : Tu préfères mourir d'un crash d'avion ou lors du naufrage d'un bateau ? En grandissant, le jeu est resté le même. Le choix des questions, lui, a pris une autre tournure. Tu préfères mourir sans souffrir mais seul, ou mourir douloureusement mais entouré de tout tes proches ? Mieux vaut savoir quand tu vas mourir ou plutôt savoir comment ? Etait-il mieux d’avoir succombé à la mort en pompant ou bien d’être retrouvé, comme Félix Faure, mort pompé? Pour ma part, je m'étais longtemps destinée à mourir d'un saut en parachute. Mourir en ayant la sensation de voler. Tomber pour mieux s'envoler. Toujours est-il que, savoir que cette grand-mère était morte dans son sommeil me soulage un peu. Une mort digne, dit-on. Mourir dans son lit. C’est un peu faire le choix de rester dans les bras de Morphée et ne plus se réveiller. Une douce et paisible mort, en effet.

Son aveu, par contre me lance sans voix. Ou presque. « Sérieusement ? » je ne peux m'empêcher de lâcher. Je grimace en entendant le mot qui vient de s'échapper de ma bouche. Je suis sérieusement idiote. Le pauvre homme vient de perdre sa grand-mère, et doit repartir dans un pays où, apparemment, il n'a pas mis les pieds depuis une dizaine d'années. Et moi je ne trouve rien de mieux, dans ce moment de deuil, que d'émettre un jugement. Certes, ce n'en est pas vraiment un, mais tout de même. Encore la faute à ce fichu problème de filtrage entre mon cerveau et ma bouche. A croire qu'il choisit les moments les plus intenses pour me faire défaut et lâcher dans la nature tout ce qui me passe à l'esprit. Que ça soit approprié ou non. La vérité est que je suis totalement étonnée. Douze ans sans retourner en Italie ? J’ai vraiment du mal à y croire. Lorenzo, mon bel italien. Il a toujours été fier de ses racines, de ses origines. J'ai un pincement au cœur quand je saisis enfin l'étendue de la douleur de Lorenzo. Le deuil de ses parents l'a conduit à carrément fuir son pays natal. Je ne sais pas quoi lui dire. quoi faire. Je me retrouve face à un homme qui vient, non simplement, de perdre sa grand-mère mais qui doit en plus, pour lui faire ses adieux, retourner dans un pays où il n'a pas mis les pieds depuis plus d’une décennie. Je n'ai pas de solution. Mais en tout cas, je ne supporte pas de le voir angoissé comme ça. Je veux vraiment l'aider et le consoler. Ca me démange presque. Je me sens cependant obligée de lui demander « Pourquoi ? ». Je sais que j’ai déjà la réponse à ma question, d'autant qu'il a brièvement donné ses raisons, mais peut-être qu'en lui dénouant la langue … Non je sais pas vraiment ce que j’espère accomplir avec cette question. Mais après tout s'il est venu me voir, c'est peut-être qu'il éprouve le besoin de parler, de se confier. Ou non. Peut-être qu’il avait juste besoin d’une simple présence humaine.

Égoïstement, je suis bien contente qu'il ait fait le choix de venir aux Etats-Unis. Et peut-être même que choisir de ne pas retourner en Italie, ne serait-ce que pour un petit séjour, fait que, aujourd'hui, il est dans mon salon. Effet papillon, théorie du chaos et autres du genre, bonsoir. Cette réalité alternative me rend cependant anxieuse. Je n'ose même pas imaginer qui aurait pu être mon voisin. Peut-être même que cela aurait été une voisine. Tout ce que je sais, c'est que cette voisine n'aurait pas été Lorenzo. Rien qu'à cette pensée, la main que j'avais délicatement posé sur son genou se contracte et se resserre autour de lui. Comme si je voulais m'assurer qu'il n'allait pas disparaître sous mes yeux. Je me force à détendre ma main. Pas besoin, en plus de lui rajouter une douleur physique, minuscule soit-elle. « Tu n'étais qu'un gosse. Tu as fait un choix. » Était-ce le bon pour lui ? Je hausse mentalement les épaules. « Et ce choix a fait de toi ce que tu es aujourd'hui. C'est ce même choix qui fait que tu es là, sur ce canapé … aux côtés d'une blonde qui, à mon humble avis, est plutôt mignonne. » Une petite touche de légèreté qui, à mes oreilles, sonne faux. Comme pour chercher, en réalité, à me rassurer qu'il ne regrettait pas son choix. Un choix qui l'a conduit à me rencontrer. Par contre, ça doit lui faire une belle jambe ce soir, de m'avoir moi au lieu de sa famille.

Mais au fond, je comprends sa décision. Dans une situation comme la sienne, j'aurais moi-même du mal à retourner, même pour une journée, dans les différents endroits où j'ai pu vivre avec mes parents. Peur d'entacher mes souvenirs, les meilleures comme les pires d'ailleurs. Seulement, mes parents n'auraient pas voulu cela pour moi. Et même si je ne les connaissais pas, je pense que ses parents aussi auraient voulu que leur fils puisse, un jour, revoir le pays qui l'a vu naître. « J'aurais souhaité pour toi que tu y retournes mais clairement dans de meilleures conditions. » Qu'il n'y retourne pas avec tout le poids du monde sur ses épaules, mais au contraire, avec le cœur léger. Or, clairement il y va réticent et avec appréhension. Je ne désire alors qu'une chose, l'aider face à cette épreuve. « En tout cas, sache que si tu as besoin d'un truc, tu peux compter sur moi. » Je suis là pour toi. C’est ce que je voulais vraiment dire. Mais c’était à la limite du cliché. Je préfère alors me rabattre sur, certes, quelque chose d’un peu plus générique, mais qui n’en est pas pour autant moins sincère. Car pour l’instant je me sens inutile, ne sachant pas vraiment comment m'y prendre pour le réconforter. « Si tu as besoin que je te prenne les billets d'avion pour toi, ou peut-être même d'un compagnon de voyage … » Mon cerveau commence alors à imaginer tous les arrangements que je peux faire pour rendre son deuil le moins pénible possible.

Finalement, ma piètre tentative pour détendre l'atmosphère est un succès et fait son effet. Mieux, elle réussit à détendre les traits du visage de Lorenzo et lui arrache un sourire. Et tout de suite je me sens plus à l'aise. Le revoilà enfin, le Lorenzo que je connais. Ses sourires, son côté joueur et enjôleur ... voilà ce à quoi je suis habituée. Avec ce Lorenzo, je sais à quoi m'attendre, comment agir et quoi dire. Mais face au Lorenzo chagriné, je suis quelque peu, pour ne pas dire totalement, désemparée. Pour autant cet instant, ce qui retient particulièrement mon attention, c'est à quel point il arrive à apporter du confort autour de lui, dans un moment où il est, légitimement, celui que l'on doit réconforter. Avec un seul sourire il m'apaise. Et c'est qu'il ne s'arrête pas là. Un nouveau sourire qui illumine cette fois-ci son visage. J'ai presque envie de dire toute la pièce. Sa main sur la mienne. La chaleur familière de sa peau contre la mienne me captive et me renvoie à des moments, auquel je ne devrais pas accorder d'importance dans un tel moment. Mais ce n'est pas facile de ne pas se rappeler toutes les nuits où sa chaleur m’emportait.

Le seul qui peut m'arracher de ses souvenirs est Lorenzo. Il réussit à me faire revenir dans le moment présent avec ce qui semble être un autre succès pour moi. Je les enchaîne et c'est tant mieux. Mon idée de le soutenir, en me rendant avec lui en Italie semble l'avoir séduit. Je m'en réjouis. Surtout que sa vision de ce possible voyage est plaisante. Il ne serait pas seulement question d'être une béquille sur laquelle il peut se reposer. Non, il parle carrément de visiter la ville. Et cette image, je l'avoue, est très charmante. S'il y a bien une chose que j'adore plus que tout, c'est si voyager. Et une occasion de voyager avec quelqu'un que j'apprécie autant, ne se refuse pas. Cependant, j'aurais encore une fois souhaité que cela ait lieu dans d'autres conditions. « Ah, la plus belle ville d'Italie, rien que ça ! Évidement tu dis ça parce que tu n'es pas du tout biaisé.» je ne peux pas résister de le taquiner « Mais plus sérieusement, si ce dont tu as besoin c'est de ma présence, alors, oui je t'accompagnerais.» Sans plus tarder, je me lève en direction de mon téléphone. Flemme d’aller jusqu’à ma chambre, récupérer mon ordinateur que j’avais laissé charger sur mon lit. Sauf que mon portable, j'ignore où je l'ai posé. Trop occupée à autre chose en rentrant, j'ai dû le jeter sur la première surface plane. « C'est réglé alors, je me charge de tout. Tu voudrais partir quand ? »

Je m'y vois déjà. Quelques jours loin de New York, sur le vieux continent en compagnie de Lorenzo. Découvrir une nouvelle ville et profiter du beau temps de la saison. Que demande le peuple ? La tout de suite, le peuple réclame mon téléphone pour que je puisse faire en sorte que l'image que j'ai en tête se concrétise. Mais plus sérieusement, ça fait un moment que je n'ai pas quitté le sol américain. Enfin j'ai passé Noël dernier à Londres auprès de ma grand-mère et, mes parents sont arrivés quelques jours plus tard pour fêter la nouvelle année avec nous. Mais ça ne compte pas. Par contre, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas voyagé dans un pays pour le seul but de voyager et de découvrir. Cela étant, faut que je garde en tête qu'il ne s'agit pas que d'une seule aventure et que l'objectif même de ce séjour reste de se rendre en Italie pour les funérailles de la grand-mère Aquilani. En parlant de funérailles, « Ouais, je pense qu'on devrait tout de même y aller plus tôt. Peut-être aussi pour donner un coup de main si besoin ... » Même si je risque d’être inutile, n'ayant jamais assisté à de telles cérémonies. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Mes connaissances dans ce domaine se limitent à ce que je vois à la télé et à ce que j'ai appris sur différentes civilisations. Civilisations qui n'existent même plus aujourd'hui. Cependant, je suis prête à parier une jolie somme que les italiens ne sont pas du genre à momifier leurs morts ou encore moins à positionner ces derniers en position fœtale tel que le faisaient les Égyptiens de l'Antiquité et les Incas. Mais peut-être qu'en Italie, certaines coutumes de la Rome Antique ont été conservées. Peut-être que Florence a ses propres traditions. Ou peut-être qu'ils suivent simplement les prescriptions du christianisme. Ouais, cette hypothèse est celle qui parait la plus plausible. Décidément, en plus d'être l'occasion de soutenir Lorenzo, de découvrir une nouvelle ville, et de se faire de nouveaux souvenirs, voilà que ce voyage est maintenant une possibilité pour moi d'observer les rites funéraires italiens.

Pour ce qui est de ma quête pour retrouver mon artefact préféré, celle-ci est momentanément interrompue lorsque Lorenzo se lève pour me remercier. Son regard plongé dans le mien, c'est humainement impossible de s'en détourner. Non pas que j'en ai l'envie d'ailleurs. La sincérité que je lis dans son regard me touche. Je suis comblée de savoir que ma compagnie soit aussi appréciée et voulue. Certes je sais que Lorenzo a tendance à apprécier ma compagnie, autrement je n'aurais pas si facilement accès à sa chambre. Pour autant ce sont des circonstances particulières dans un contexte particulier. Alors que là c'est tout autre chose. C'est une situation plus personnelle, plus intime. Il se détourne de moi, à mon plus grand regret. Un mal pour un bien puisque c'est lui qui repère en premier mon smartphone. Je le remercie avec un sourire avant de me saisir de l'objet. Il est temps de planifier ce voyage. « Tu voudrais rester avec ta famille ou tu préfères prendre un hôtel ?» Question qui soulève au passage une autre interrogation. S'il décide de prendre un hôtel, on va partager une chambre ou … ? Je me demande ça pour de simples raisons économiques, évidemment. Par réflexe, comme à chaque fois que j'organise quelque chose, je jette un coup d’œil dans mon calendrier. J'ai l'habitude en effet d’inscrire dans le planning les différents événements auxquels je dois participer ou parfois même j’y crée de petites to do listes et autres objectifs que je ne réalise jamais. Je suis donc une personne qu'on pourrait qualifier de superficiellement organisée. En vérité, la seule fonctionnalité qui m'est vraiment utile c'est celle des notifications de rendez-vous. Je remarque d'ailleurs une notification programmée pour dans trois jours. Un rendez-vous pour un entretien avec un potentiel sponsor. « Oh merde. » J'avais complètement oublié qu'une marque de boisson m'avait sollicité afin de trouver un arrangement qui, si tous se passe comme il le faut, pourrait être bénéfique et profitable pour les deux parties. J'ai déjà quelques mécènes, mais c'est rien de très transcendant. Des particuliers ou des petits marques locales. Mais là c'est un tout autre level. Les yeux écarquillés, je lève la tête « J'ai un rendez-vous avec un mec de (àvenirletempsquejemedécideahahaà) dans trois jours et je crois pas que je vais pouvoir le décaler. » Ca me paraîten effet un peu juste pour reporter.